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Un sextoy dédié à la jouissance féminine censuré au CES 2019… Tout le plaisir n’est (pas) pour nous

Le sextoy Osé a été banni du CES 2019, le salon international de la high-tech, et s’est vu retirer sa récompense. Ce petit bijou de technologie et “gagnant du prix de l’innovation… enfin, presque”, comme on peut le lire sur le site de la marque, pose problème. En (grande) partie parce qu’il fait jouir les femmes et toutes les personnes possédant un vagin.

(c) Pixabay
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SCANDAAAAALE ! Bonté divine, un sextoy présenté au plus grand salon de high-tech ? Mais quelle infamie ! C’est certainement ce qui a dû se passer dans l’esprit étriqué des organisateurs du CES. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que le Consumer Electronics Show est un immense salon international dédié à l’innovation et aux nouvelles technologies. Tous les ans, il rassemble des entreprises du monde entier venues présentées leurs produits à Las Vegas. Parmi ces dernières, la start-up Lora DiCarlo devait dévoiler son dernier né lors de l’édition 2019 qui se déroulait du 8 au 11 janvier dernier : un sextoy connecté baptisé Osé. Comme quoi, le charme à la française opère toujours. Et vous allez voir que son petit nom est particulièrement à propos.

Osez Joséphine
Parce que ce n’est pas n’importe quel joujou pour adultes. Il propose quelque chose de complètement inédit sur le marché, qui lui a valu de recevoir le prix l’innovation dans la catégorie Robotique et drones du CES 2019 il y a quelques mois. Enfin ça, c’était avant que la récompense ne soit retirée.

(c) LolaDiCarlo
(c) LolaDiCarlo

En toute détente, la CTA (Consumer Technology Association) – à savoir l’association qui organise le CES – a envoyé un gentil courrier à la créatrice pour l’informer qu’Osé était “immoral, obscène, indécent, profane et ne correspondait pas à l’image de marque du CTA”. Elle lui a tout simplement interdit de présenter le produit et d’exposer sur son stand. La justification ? Elle peut disqualifier un objet si celui-ci est “un danger pour la sécurité ou le bien-être de qui que ce soit”. Pour le coup, censurer un sextoy en arguant que c’est un danger pour le “bien-être” de quelqu’un c’est risible. Pour enfoncer un peu plus le clou (et tenter de justifier sa décision), l’organisme dit aussi qu’Osé n’est pas éligible dans la catégorie Robotique et drones malgré ses huit brevets en… robotique.

Grandeur et décadence
Revenons à l’objet en lui-même. Un peu plus haut, on vous expliquait qu’Osé proposait quelque chose d’inédit mais on ne vous a pas dit quoi. En réalité, ce n’est pas un vibromasseur classique. Ce n’est même pas un vibro du tout puisqu’il… Ne vibre pas. Il fait encore mieux. Ce gadget “mains-libres” reproduit presque à l’identique un rapport sexuel à deux en offrant “toutes les sensations de la bouche humaine, de la langue et des doigts” pour entraîner des “orgasmes complets féminins” (comprenez organisme clitoridien ET vaginal, Kamasutra pour les nuls bonjour !) comme on peut le lire dans la description du produit sur le site de l’entreprise. Et si c’était ça le problème ? Bah oui, un sextoy réservé au plaisir féminin ou à celui de toute personne ayant un vagin (ouloulou un gros mou) et en plus avec une forme particulièrement explicite, ça fait tâche dans le paysage.

(c) LolaDiCarlo
(c) LolaDiCarlo

Dans une lettre ouverte, Lora Haddock – la fondatrice et PDG de Lora DiCarlo – a dénoncé le sexisme et la misogynie du CES “tout comme l’industrie des technologies dans son ensemble”. C’est ce qui s’appelle mettre les pieds dans le plat. “La sexualité des hommes a le droit d’être explicite. (…) Mais la sexualité féminine, en revanche, doit être passée sous silence quand elle n’est pas bannie”, déclare la fondatrice qui affirme que les innovations en matière de plaisir sexuel ne sont pas traitées de la même façon si elles sont destinées aux hommes ou aux femmes.

En effet, si on y regarde de plus près, des poupées sexuelles, des films pornographiques en réalité virtuelle ou encore le premier robot sexuel prenant l’apparence d’une femme ont déjà été exposés au salon sans que personne ne s’en offusque. Comme par hasard, ils étaient tous destinés à la gent masculine.

“Vous ne pouvez pas autoriser un robot sexuel pour hommes, mais pas un masseur robotique axé sur le vagin et prétendre être impartial”, écrit la jeune femme qui ne compte pas se démonter puisqu’elle sortira Osé fin 2019 aux États-Unis. GIRL POWER !